Il est tard, le son est lourd. Ambiance boîte de nuit, émerveillement des sens, richesse tout autour d’elle. Caviar, petit-fours, champagne, vin hors de prix. Mais aussi robes de soirées, costumes, montres chères. Tout est bon pour plaire et se faire voir. L’important ici est de montrer ce que l’on a plutôt que ce que l’on est. Paraître sans être ni savoir être, déchéance de la personnalité ? Quoi qu’il en soit, ce soir il faut se faire des contacts. Il y a tout le gratin de la politique et des célébrités.
“Ah, Marion, vous voilà !” “Je voulais vous présenter un ami, François !”
“François Asselineau ? LE François Asselineau ?” Dit-elle.
“Oui oui ! Lui-même, en cher et en os !”
Un homme de corpulence assez grasse, une gueule un peu avachi et présentant un charisme borné par celui d’une moule d’eau douce, s’avance vers Marion.
“Marion… Oui, Marion, ça me dit quelque chose… J’ai déjà entendu parler de vous !”
Le teint blafard, les yeux écarquillés, Marion sourit.
“C’est un honneur, Monsieur !”
“Voyons, voyons, ne vous en faites pas, ma chère, j’ai connu votre Grand Père, un saint Homme !” “L’honneur est entier pour moi !”
“Il m’a beaucoup parlé de vous, de vos évènements privés, de vos croisières…” Marion est excitée comme une puce, l’honneur est immense, presque aussi grand que cet Homme, avec un grand H.
“Mes croisières ! Ha !” s'esclaffe François. “En effet, on en a passé, du bon temps, avec votre paternel ! Il faut dire… À l’époque, on savait s’amuser !”
“C’est sûr, c’était quand même mieux avant… Avant cette immigration massive, ce wokisme décomplexé, cette gauchisation intense de la société. Je me dis des fois que tata a eu raison d’accepter l’argent des ruskoff, ils sont un peu rustres, mais ils ont de bonnes valeurs dans le fond.” Marion contemple ses idées, et se demande comment on a pu passer de l’URSS à ça. Poutine, son idole. Rien que de penser à lui, un petit chatouillement la parcours, son joli crâne, sa ceinture de karaté. Marion a une perle humide au niveau du périné.
“Vous voudriez venir, pour la croisière de cet été ?”
François a interrompu son flux de pensées, et ce n’est pas si mal… Elle commençait à rougir et presque à gémir.
“Bien sûr ! Avec plaisir, ça serait fantastique.” “Où a-t-elle lieu ?”
“En mer Méditerranée, bien sûr !” Dit-il
“Mais, ce n’est pas dangereux, avec tous ces bateaux de migrants ? Aucun risque ?”
“Non, non, ne vous en faites pas ! Je suis plutôt bien équipé, si vous voyez ce que je veux dire... Je veux dire, le bateau est armé, et on a suspendu des saucissons à bâbord, tribord, et la proue et la poupe du navire sont couvertes de charcuterie. Normalement, avec ça on est paré !” François a un rire gras et virile, sentant le pâté, le vin et le fromage.
“Me voilà rassurée ! Je suis partante !” Dit-elle
“Eh bien, laissez-moi donc votre contact !”
"À bientôt..." Avec un plaisir languissant, elle se dit qu'elle a vraiment hâte de cette croisière !