Lettre Hebdomadaire
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De toutes ces natures, laquelle aimerais-tu voir ?

Le 29 mai 2023

  Si vous me demandiez “De toutes ces natures, laquelle aimerais-tu voir ?”, je vous répondrais sûrement pas. Les étoiles ont bien tourné, et leurs planètes ont bien tourné, et moi aussi j’ai bien tourné. Dans un sens, j’ai assez tourné mon lasso, et je n’ai pas assez de force pour vaincre cette lassitude et trouver un autre sens. Qu’il soit horaire ou anti-horaire, qu’importe, je ne veux plus le trouver. Que je le lance sans même un angle ce lasso de lassitude. Il s’écrasera comme les gens s’écrasent quand ils rentrent chez eux après le travail. A vrai dire, ils sont bien orientés eux. Ils quittent leur travail comme le lasso quitte mes mains. Le lasso avait-il choisi de partir dans ce sens ? Il a fini par s’étendre, épuisé, et je l’ai regardé de tout en haut comme un Dieu. JE l’avais envoyé ici par l’unique force de projection. Et ils avaient fui par l’unique force de persuasion. Et je n’ai vu que très peu de différence entre mes mains, celles d’un patron, ces gens et mon lasso.

Si vous me demandiez “De toutes ces natures, laquelle aimerais-tu rencontrer ?”, je vous répondrais et même ce soir. Avez-vous déjà parlé avec la pluie et le vent ? Ces deux-là sont indépendamment très charmants. Mettez-les, les deux, à côté et vous verrez combien les choses les plus charmantes ont les travers les plus agaçants. L’un vous bave dessus, l’autre vous envoie son immense haleine. Vous me direz que c’est le cas même quand ils sont seuls. C’est vrai mais je vous parle ici d’attitude ! La pluie seule est mélancolique. Avec le vent, on peut se demander pourquoi elle se sent triste si bien accompagnée ! Et s’il faut parler du vent. Qu’il est frais de bon matin de l’entendre chantant mais ne vous êtes-vous jamais retrouvés devant cet ami qui chante sans cesse, même quand la politesse l’interdit. Qu’il amuse les oiseaux le vent ! mais qu’il la préserve sa voix quand il est en société météorologique accompagné d’une déjà bien grinçante pluie. Bien sûr, je l’apprécie mais je ne me retiendrai pas de dire à quel point elle peut-être quelquefois ennuyante et réellement épuisante. Elle ne pense qu’à elle et le monde tout autour devrait presque vivre aux dépens de ses crises. Il faut que je revienne ! Je vous disais tout cela pour vous préserver de prendre les plus charmants paysages pour les plus appréciables ! Nous parlons de rencontre, n’est-ce pas ? Si je devais rencontrer le vent, je me retrouverais bien ennuyé qu’il ne soit en une mauvaise période et que je ne ressente dans chacune de ses expirations que les pires sentiments et les plus grands chamboulements. Et je ne parlerai pas davantage de la pluie… Quelle nature voudrais-je rencontrer ? A quelle nature voudrais-je parler plutôt…

Oui, vous devriez, dans toute cette scène de question-réponse, me poser ça comme question !

Si vous me demandiez “De toutes ces natures, avec laquelle aimerais-tu discuter ?” je vous répondrai même avant le soir ! Mais il faut… C’est qu’elles ne sont pas très causantes… Bien souvent, nous devons leur tirer les vers des plantes ou des oiseaux. Et c’est souvent comme ça qu’un poète se blesse d’ailleurs, en piquant des vers du bec des oiseaux. Mais ne vous méprenez pas, certaines parlent très facilement. Peut-être même trop. Le soleil est une pipelette et je vous ai déjà parlé de la flûte continue du vent. Les entendre est déjà une affaire, leur parler en est une autre. Le ciel, tout le monde l’entend puisque tout le monde le voit mais essayez de voir si le ciel vous répond un jour.