Jean Claude of the Dead
Le 29 mai 2023
Chaussures de montagne, check Ordinateur, check Inscriptions aux activités du WER, check Script d’auto-push pour farmer les stats du dépôt git, check 17h, la voiture va partir. Je regarde une dernière fois ma carte Arduino. Dans 100 heures, tout ceci sera terminé. D’une manière ou d’une autre.
J’essaye d’oublier la galère dans laquelle je suis. 6 semaines que je le cherche, mais il demeure introuvable. J’ai parcouru les couloirs de Télécom, j’ai couru un marathon dans mon clip de campagne BDS, j’ai perdu la campagne… J’ai doxxé son numéro de téléphone mais il ne devait pas avoir de réseau quand je l’ai appelé. Il va falloir faire sans lui. Peu importe, je veux profiter du week-end tant qu’il est là.
Cette nuit j’ai rêvé du PAN4, je voyais le programme buguer, le proto exploser au démarrage, et tout Télécom qui pleurait dans mon rétroviseur… Ce matin c’est spéléologie. J’enfile ma combinaison, et je plonge avec le guide et les copains dans les entrailles de la Terre. Que cherche-je, rampant dans ces étroits conduits, mouillant mes chaussures de sport, m’arrachant les coudes sur la roche ? Les lampes frontales s’éteignent et j’aperçois comme une lueur au fond du tunnel, tel l’explorateur perdu dans le Sahara qui découvre au loin une oasis, partagé entre l’espoir et la peur d’être victime d’un mirage.
Et c’est là que je l’ai vu. Jean-Claude Dufourd, nu, dansant autour d’un feu au milieu de dizaines de silhouettes noires encapuchonnées. Je me pince, je dois avoir des hallucinations. Mais voilà qu’il m’aperçoit, et je me lance : rêve ou pas, c’est probablement ma dernière chance de lui parler. Mais je n’ai pas le temps de prononcer le mot PACT qu’il me coupe la parole : il me dit qu’il ne veut plus parler du « Projet ». Il dit qu’il a vu ses erreurs, qu’il a compris. C’est pour ça qu’il a décidé d’aller couler sa retraite au fond de la grotte de la Balme, au milieu de ses échecs. Il me souhaite bonne chance pour mardi, et me dit à mardi. J’ouvre la bouche, la referme, la rouvre… trop confus pour prononcer un mot, je fais demi-tour et décide de retourner à la surface, la civilisation.
Alors que je m’apprête à partir, je bouscule une des silhouettes, et sa capuche glisse, révélant son visage : horrifié je reconnais Quentin, feu mon partenaire de PACT, porté disparu depuis décembre. C’est alors que je comprends les paroles de JCD : ces cultistes sont les âmes damnées de tous les télécommiens disparus, et sa danse sans doute une sorte de rituel pour les mener à l’apaisement. Je regagne la surface au son des incantations lugubres qui me suivent : « Quoi Cou BEH, Quoi Cou BEH, Quoi Cou BEH… »
Demain, c’est le PAN4. Dans 15 heures, tout ceci sera terminé, d’une manière ou d’une autre. Je jette un dernier regard à ma carte Arduino, et j’ouvre l’appli SNCF de mon téléphone. Pourvu qu’il reste un train pour Chamonix…