La Crotique Cinématographique
Le 6 mai 2023
Dans cette première Crotique Cinématographique, nous allons parler d’un film extrêmement important pour le cinéma français. Il constitue une sorte de rupture avec le genre du biopic en proposant une vision inédite à l’époque de la vie de “banlieusard”. Injustement critiqué, hélas peu reconnu, le film “La Vengeance” de Morsay est un monument de la cinématographie française, et même internationale.
Qu’est-ce que raconte le film ? L’histoire, inspirée de la vraie vie, de Morsay et son frère qui doivent reconstruire leur vie après un passage injuste en prison. Lors d’un contrôle au faciès, un policier raciste Cédric Vincent essaye de mettrer un sachet de drogue dans la poche de Morsay. Ce à quoi, il réagit en frappant le policier. Une fois sortis de prison, Morsay reste dans la précarité et commet éventuellement de petits larcins tandis que son frère a décidé de se ranger en créant une marque de vêtements “Truand2LaGalère”.
A la LH, on a apprécié ce film. Principalement pour son sous-texte profondément anti-nazi et anti-raciste. Aussi peut-on voir sur l’un des T-shirt produit par le Zehef (le frère de Morsay) des phrases comme : “Je baise tous les racistes de France en brochette” ou “Je pisse sur la tête des racistes du haut de la Tour Eiffel”. Par ailleurs, les antagonistes qui sont la bande de Cédric Vincent sont de véritables néo-nazis qui ont même des croix gamées tatouées sur le corps.
C’est également une épopée sur la puissance grandissante de Morsay. Il est extrêmement doué pour taper des nazis. En témoigne le moment du film où il arrive à vaincre dix nazis dont un équipé d’une arme à feu à lui tout seul. Un véritable héros comme le moment où il aide une femme voilée qui se faisait agresser dans le RER C (je l’ai reconnu).
Vous l’aurez compris, Morsay est un homme de valeur. Une bonne démonstration de ses valeurs est quand il commence à date avec une femme qu’il a rencontré dans la rue. Cette femme a décidé de l’utiliser comme “taxi”. Il le découvre quand il voit sur son téléphone le contact “Taxi pigeon” attribué à Morsay. Il fait mine de rien puis roule jusqu’à un bois. Il la “dépose” puis vole ses affaires. Il ne faut pas jouer les “michtos” avec Morsay, c’est certain.
Outre l’affrontement du racisme montant en France, le film est une véritable fresque de la vie de “banlieusard” et du climat ambiant. Aussi voit-on la misère qui fait voler dans un “ED” mais également la joie d’un barbecue au centre de la cité de Clignancourt. C’est l’occasion de voir apparaître Alkpote en tant que coiffeur d’ailleurs !
Et nécessairement, avec cela la question de l’identité de Morsay et de son frère Zehef. Avec son business de T-Shirt, Zehef devient un véritable homme d’affaire. Il finit par se ranger et ne plus se reconnaître dans les activités de Morsay qu’il juge infantiles. Au-delà de ça, il perd la notion du quartier. Cette dualité fraternelle ressort magnifiquement dans le plus beau moment du film.
A ce moment, Morsay ne reconnaît plus son frère qui cède aux bourgeois français et va jusqu’à renier son origine.
Cette question de l’identité bouleverse tous nos personnages. Lorsque Cédric Vincent décide d’en finir avec Morsay, il choisit comme il le dit “prendre un arabe pour tuer un arabe”. Ce jeune de quartier qui finit par planter Morsay sous les ordres du nazi se retrouve tourmenté par la nécessité de gagner de l’argent et celle de blesser un frère.
Plus tard, dans un twist dingue, on apprend que la mère de ce jeune homme est la femme voilée que Morsay avait sauvé… Un retournement digne des plus grandes tragédies antiques, désormais le quartier se réunit pour en finir avec les nazis et ce traître.
Cette phase finale est un véritable élan de fraternité. Alors que Morsay est à l’hôpital proche de la mort, tous ses amis foncent vers le QG des nazis. Le jeune homme y va également pour tuer les nazis. Le lieu de la rencontre finale est explosif. Un à un les nazis se font taper et mettre à terre. Morsay qui apprend la formation de cette escouade décide de foncer BLESSE (quel homme) pour empêcher cette escalade de la violence.
Finalement, Morsay tombe sur celui qui l’a planté. Il pointe son arme sur lui et après une longue attente, il décide de le laiser en vie car il a compris que sa situation était compliquée. Une véritable évolution du personnage qui gagne en sagesse. Pendant ce temps, Zehef est tombé sur Cédric Vincent le nazi originel. Il termine ainsi le film : “La vengeance est un plat que je mange tout de suite” et tire sur le nazi. Un véritable retournement de la dualité fraternelle. Zehef est devenu l’impulsif.
Cette conclusion ne saurait vraiment rendre compte de l’envergure de notre appréciation du film. J’aimerais néanmoins ajouter la description d’une scène particulièrement touchante. Morsay va dormir, après un certain temps en prison, chez un ami. C’est une petite soirée couchette. Et là, une odeur de pied s’infiltre dans la chambre. Pendant plus d’une minute de film, les personnages font remarquer répétitivement qu’il y a une odeur de pied. Une véritable scène d’amitié.
Si vous souhaitez voir cette pépite, envoyez un dm à Maxence Jauberty. Il vous donnera le lien de téléchargement.