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Crotique cinématographique

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Aujourd’hui, dans cette crotique cinématographique, je vais vous parler d’un film que j’aime : Space is the Place. Avant de lire cette crotique, je vous invite à prendre vos meilleurs amis, et à partager un moment très étrange devant le représentant le plus décalé du cinéma afrofuturiste.

Synopsis et résumé

Dans sa recherche de l’unité et de l’égalité pour les Afro-Américains, un voyageur et musicien interstellaire atterrit sur Terre et se bat contre un Seigneur maléfique pour les âmes du peuple

Space is the Place peut être considéré comme un film racontant la prétendue vie du jazzman Sun Ra, venu de Saturne et arrivé sur Terre pour libérer les afro-américains via la transcendance de la musique. C’est d’ailleurs dans ce vaisseau qu’il arrive sur notre planète.

En fait, l’histoire du film raconte le voyage de Sun Ra en tant que prophète des hommes noirs. Après avoir disparu de notre planète, il a pu traverser l’espace et découvrir une planète qui serait le havre des afro-américains.

Son retour sur Terre est alors motivé par la volonté de faire porter sa parole et de transporter les afro-américains sur cette nouvelle planète.

Comment ?

Par sa musique, Sun Ra et son free jazz permettent de transcender les hommes et de les faire transporter vers cette nouvelle planète.

En opposition, le Seigneur qui souhaite contre-carrer les plans de Sun Ra. Durant l’entièreté du film, le destin des hommes noirs est alors métaphoriquement représenté par l’issue d’une partie de cartes entre les deux hommes.

Pourquoi c’est bien ?

En voyant les quelques images et le résumé assez erratique, vous vous demandez peut-être en quoi ce film est bien.

Ce n’est pas un film qui se raconte

On résume souvent un film à son histoire, qui est selon moi une faute. Résume-t-on une musique à son histoire ? Par exemple, l’album Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band est un album concept qui raconte l’histoire d’un concert mais est-ce que ça vous importe quand vous écoutez l’album, pas vraiment ! Vous écoutez Penny Lane sans y penser.

Ce qui importe, c’est ce que raconte le film. Premièrement par son esthétique, le film trangresse déjà notre imaginaire biaisé de la science fiction. Il s’inscrit dans un mouvement (l’afrofuturisme) qui indique déjà la dimension sociétale et la volonté de vouloir affirmer une puissance culturelle des afroaméricains. Cette même volonté se retrouve dans le jazz. Le choix d’orienter la musique du film vers le free jazz illustre encore ce que raconte le film de la musique : elle est émancipatrice.

Si j’ai essayé de vous donner une structure au film, il est bien plus chaotique que ça. Les intrigues s’entremêlent et on ne sait plus ce qui relève de ce qui se passe réellement ou bien du métaphorique. En comparaison, les scènes de transfert d’âmes par la musique sont d’autant plus une expression de la libération.

Des visuels qui accrochent

Le peu d’argent dont disposait le film implique nécessairement des concessions sur la qualité des effets spéciaux. Pourtant, le film ne se censure pas et il y a des propositions relativement audacieuses Je pense notamment aux scènes de free jazz et de concerts où Sun Ra communique et réalise les transferts.

La proposition globale de l’afrofuturisme de proposer une nouvelle vision de la science fiction. Là où la science fiction est surtout utilisé pour parler des penchants négatifs de notre société, l’afrofuturisme vient au contraire essayer d’unifier et de faire briller de l’imagerie africaine. Sun Ra et son orchestre empruntent à l’imaginaire égyptien.

Conclusion

Space is the Place est un film à voir pour toute personne intéressée par l’histoire du cinéma afro-américain. C’est une oeuvre assez atypique qui peut être difficile d’accès quand on est seuls. Pour cette raison, accompagnez-vous d’amis et regardez. Riez parfois des situations loufoques et appréciez l’excentricité visuelle et psychédélique proposée.