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Rififi en Téessedeu - 4

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Arrivée en vue de son objectif, Mathilde relâcha progressivement les gaz contenus dans son ballon-voyageur en écartant légèrement les doigts qui en retenaient l’extrémité. Elle pensa en atterrissant, avec plus ou moins de grâce, que cette invention était vraiment géniale (comme tout ce qu’elle faisait, d’ailleurs), et à quand bien même c’était un moyen de transport ridicule, il restait très pratique.

Elle vida entièrement le ballon puis le rangea dans la poche de son magnifique pantalon vert, qui jurait parfaitement avec sa chemise rouge et ses chaussures jaunes, avant d’appeler sa colocataire.

Elles habitaient toutes les deux dans un somptueux capharnaüm magique creusé dans une petite colline par des générations de taupes enragées dressées avec amour par leur famille et Mathilde buta et shoota dans deux ou trois chats avant d’atteindre la porte, qu’elle ouvrit d’un délicat coup de hanche.

Elle fut accueillie par une tape sur la tête et un cri furieux :
« Arrête de martyriser les chats ! »
Pourquoi fichtre avait-elle appelé Natacha avant de frapper les chats ? Comme à son habitude, elle décida de rejeter la faute sur les autres :
« Toinou a encore perdu mon expérience et tes chats sont H24 au milieu du passage.
- C’est pas une raison pour les taper et qu’est-ce qu’il a perdu, cette fois ? »

Mathilde était toujours surprise des capacités de la démonette à rebondir habilement sur la moindre de ses piques vicieuses.
Au début de leur relation en tant que colocataires, collègues et surtout amies, Natacha se contentait de la frapper en râlant quand Mathilde lui faisait un coup tordu, qu’il soit verbal ou physique. Maintenant, elle la frappait en la contrant, ce qui était un peu plus embêtant, surtout pour Mathilde.

« C’était ma chaise à téléportation par la pensée, tu sais, celle qui a un mode « invisible » pour aller espionner peinardes aux repas du Roi.
- C’est gênant », commenta Natacha qui n’était plus du tout fâchée pour l’incident des chats, ou alors juste un peu, mais elle était toujours juste un peu fâchée contre Mathilde. « Tu avais bien gardé les formules ? demanda-t-elle d’un air dubitatif.
- Bien sûr ! Toujours ! Je ne vois pas pourquoi tu en doutes. »

En réalité, Mathilde voyait parfaitement pourquoi la grande blonde maintenant assise à côté d’elle dans le grand canapé de leur petit salon encombré de livres doutait : elle n’avait jamais été très organisée. En témoignait l’état de sa chambre et de son labo. Voire de la maison.
« T’es pas mieux organisée que moi ! » lui lança-t-elle d’un air grincheux et résigné. Natacha la tapa en silence car, au fond, elle avait raison. Mais ça ne lui donnait pas le droit de critiquer impunément.

Par pure vengeance, Mathilde poussa lentement le chat le plus proche du bout du pied, afin qu’il tombe du canapé en ne se réveillant qu’au dernier moment. Finalement, elle s’arrêta à mi-chemin en sentant le regard de Natacha par dessus son épaule. Pousser les chats était son plaisir personnel.
« Bon qu’est-ce qu’on fait ? demanda finalement Natacha.