Lettre Hebdomadaire
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Reportage patinoire

Vendredi dernier, la LH envoyait une équipe de reporters de chocs. L’objectif : faire un super article de Noël parlant des joies de la patinoire. La réalité ? Tout autre chose…

21h20 : Nous arrivons à Courbevoie. Nous descendons de la LHmobile, dans un parking comme les autres. Pas de soucis, la patinoire est juste à côté. Suivant les indications de notre fidèle guide (Google Maps), nous nous engouffrons dans un couloir désert, délabré. Puis un autre. Puis un troisième. En ce 22 décembre, la patinoire semble avoir moins de succès que ce que nous envisagions. Les lieux sont empreints de cette atmosphère saisissante de film d’horreur rempli d’adolescents stupides. Ces mêmes adolescents qui mourront dans une ou deux scènes.

Soudain, une lueur d’espoir : un panneau sur un mur. “Patinoire : -1”. Nous sommes sauvés. Plus important, le reportage est sauvé. Avec hâte, nous entrons dans l’ascenseur, la porte se referme. Recroquevillés dans cet espace clos, sombre, nous appuyons désespérément sur le bouton “-1”. Rien ne se passe. Sur le bouton “-2”. Rien ne se passe. Notre respiration s’accélère. Sommes-nous coincés dans cet ascenseur ? Incapable d’effectuer même les actions les plus basiques à notre survie, telles que répondre à des Télésondages, car dans cette prison de béton et de métal, nous ne captons absolument rien ? La porte s’ouvre, l’espoir rentre. Un de mes collègues reporters a appuyé sur le bouton d’ouverture, et miracle, celui-ci a fonctionné.

Après une rapide consultation, nous décidons d’un plan B, plus déterminés que jamais. Nous atteindrons cette patinoire, même si c’est six pieds sous terre. Le plan B en question : prendre les escaliers. Quelle naïveté avons-nous eu, de penser que les choses seraient aussi simples. Je vois mon camarade tendre la main vers la poignée, résolu. Il tire. Il pousse. Mais dans ce lieu isolé, seuls nos corps transis de froid et de frayeur bougent encore - la porte, elle, reste immobile.

Le silence n’est rompu que par notre respiration. Chacun, nous réfléchissons à toute vitesse pour trouver quelque chose - n’importe quoi - pour sauver la situation. Puis nous entendons des bruits de pas. Nous tendons l’oreille. Ils se rapprochent. Deux silhouettes émergent du coin. S’agit-il, tout comme nous, de pauvres âmes en perdition à la recherche désespérée d’une étendue glacée où oublier nos soucis ? Ou, au contraire, d’êtres maléfiques à l’affut d’êtres faibles, prêts à profiter de notre accablement ?

Quoiqu’il en soit, ils sont notre dernier espoir.

“Euuh oui bonjour - bonsoir pardon - euh. Vous cherchez la patinoire ..?”

Les backrooms en question