Lettre Hebdomadaire
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◀ Edito

Interview du plus grand auteur de l'histoire

Bonjour. Voici le compte-rendu d’une interview entre moi, fan n°1 de la fanfic babar-shrek (incontestablement), et son (ses) auteurs. Attention! La lecture de cet article vous expose vous! lectrice ou lecteur, à un potentiel divulgâchis. Vous voilà prévenu.e…

H.P. Professionnel — Vous êtes à l’initiative d’une des plus grandes œuvres littéraire jamais publiée dans la LH. Ce feuilleton a marqué les esprits dès la parution du premier chapitre, et en particulier le mien alors que je n’étais même pas admis à Télécom. Devant un tel succès, quelle fut d’abord votre réaction et comment avez-vous réussi à maintenir un tel niveau de qualité au fil des semaines?

M.J. — Je dois avouer avoir été un peu gêné au départ. Vous savez un artiste, c’est un peu comme un tournesol. Il tourne le dos au soleil, mais comprend-il pourquoi ? Vous comprenez ? Regard insistant C’est pareil, je ne comprends pas mon génie. J’écris dans mon logement CROUS sur mes tracas et mes traumatismes. Je ne pense jamais au succès. Tout ça, c’est un exutoir, c’est un dépotoir, c’est un fumoir si vous voulez mon avis.

H.P. croise les jambes et pose son menton sur son poing, d’un air profondément interrogateur — Vous ne ressentiez alors aucune pression du tout ?

M.J. — Bien sûr, on n’écrit plus pareil quand on sait qu’on est lu. Mais est-ce que j’allais jusqu’à me dénaturer pour plaire à un public ? Non, jamais. Je m’y suis refusé. Le comité de censure a essayé plusieurs fois de mâcher mes mots, j’ai toujours réussi à écrire comme je l’entendais.

H.P. hoche la tête — Cette œuvre de fiction met en scène les personnages de Babar, Shrek et Sonic. Pourquoi avoir voulu faire interagir des univers aussi… riches et variés?

M.J. — Les pourquoi n’ont jamais de réponse. Certains ont dit que j’avais des fétichismes, des idées un peu malsaines. Babar, c’était pour moi le modèle du père, un peu dandy. Bien sûr, c’était naturel d’imaginer une sorte d’amour que tout oppose. C’était le sujet du film Shrek au départ ! Un père de famille aux allures de gentleman et un ogre qui renferme beaucoup de beautés et de sincérités. Certains pourraient voir du Nabokov dans ce que je dépeins avec Sonic mais il faut comprendre que ça n’a rien à voir. Je voulais juste inclure Sonic dans cette histoire bizarre car le fandom aime bien les choses étranges comme faire l’amour avec des animaux.

H.P. détourne un petit peu le regard, puis reprend — J’ai eu l’impression que vous avez pris énormément de libertés concernant la personnalité des différents protagonistes. Cela a eu un certain effet comique parmi vos lecteurs. Qu’est-ce qui vous a motivé à introduire un tel décalage?

M.J. — Écoutez, si je n’ai plus la liberté de mes personnages, qu’est-ce qu’il me reste à moi en tant qu’auteur. Enfermez-moi directement, fermez la porte, tournez la clé et saluez moi. Crachez-moi dessus directement si c’est ce que les gens souhaitent. Au fond de ma cellule, je rêverais encore de personnages qui n’existent pas. Donc allez-y, appelez la police des personnages. Tiens, de sacrés personnages ceux-là. M.J. se lève, commence à s’agenouiller puis à se plaquer au sol. Allez-y, tuez-moi, faites-le, tuez l’artiste dans toute sa splendeur.

H.P. prend furieusement des notes — En particulier, le personnage de Sonic se révèle à la fin être… une yandere-garou alpha. Je me suis d’ailleurs posé la question après avoir philosophé 3 heures suivant la publication du dernier chapitre, qui tient plus du plus génial des dénouements théâtraux que de la simple ”good ending”… Ô cruelle destinée!… mais quelle est donc la morale de cette histoire?

M.J. — Quand on est artiste, qu’on écrit un feuilleton comme celui-là, on tient les gens en otages. Je n’ai pas peur des mots, c’est une prise d’otages, ou bien une prise d’émotions. Je vous tiens par la barbichette en somme, enfin la barbichette mais des émotions. Vous me comprenez ? Regard insistant Donc à partir de ce moment-là, je souhaite vous faire ressentir des choses puissantes, que vous ne connaîtrez que quelques fois dans vos vies. C’est une tragédie.

H.P. Insistant — Qu’en est-il alors de la morale ?

M.J. — Vous savez, je ne crois pas vraiment en la morale. Mon histoire, c’est peut-être une morale. En l’écrivant, j’avais la mienne. Le lecteur a eu la sienne. Dans cette histoire, rien de la morale ne se manifeste. La morale a abandonné les hommes et seul un tout puissant les regarde évoluer, puis les juge. Ce tout puissant, c’était moi. J’ai été l’homme du courroux, de la damnation, du châtiment et du jugement. Je les ai regardés, absent de toute morale, et je les ai punis d’avoir envié, d’avoir souhaité, d’avoir cru, d’avoir voulu et même d’avoir aimé. J’étais la morale. Vous saisissez la question sous-jacente paradoxale. L’auteur fait sa morale en étant l’être le plus immoral qui soit. Écrire, c’est être sans morale, c’est prendre la place des dieux.

H.P. — Excusez-moi, je dois reprendre ma respiration. Votre réponse était si inspirante qu’elle m’a ôtée l’idée de respirer… Reprenons. Pendant le live, nous avons eu le droit à une très brève adaptation cinématographique du feuilleton qui était, et je le dis avec toute ma sincérité la plus véritable, époustouflante de qualité. Comment avez-vous pu réaliser un court-métrage aussi synthétique?

M.J. — J’ai utilisé mon logiciel de montage, Sony Vegas Pro. J’ai téléchargé des ressources sur internet et je les ai judicieusement montées à l’aide de croustis.

H.P. — De croustis ?

M.J. — Croustibat. M.J. effectue une danse Allez, ratio.

H.P. Réalise son erreur, s’incline et reprend pitoyablement — L… l’intrigue prend place dans les beaux quartiers parisiens. C’est pas un peu cliché quand même? Ou bien c’était juste un prétexte pour pouvoir faire intervenir Mme Hidalgo au 4ème chapitre?

M.J. — Et si l’histoire se déroulait dans votre postérieur, si vous voyez ce que je veux dire, vous vous sentiriez comment. M.J. sort un couteau. Je suis un parisien dans l’âme. Je ne peux pas m’empêcher quand je sors d’acheter des petits porte-clés Tour Eiffel.

Note de H.P. — M.J. possède en effet au moins 69 porte-clés Tour Eiffel de toutes les tailles et couleurs sur son trousseau

H.P. — Mais qu’est-ce qui vous a donc inspiré une rivière de caca? L’indécence de l’âne? L’absence de Nicolas Glady >:-( ?

M.J. — J’aime beaucoup le caca. Je trouve ça très amusant. Donc quand j’ai commencé à écrire, Anne Hidalgo est apparue simultanément avec le caca. Alors j’ai décidé de relier les neurones, j’avais en image la Seine, le caca et Hidalgo. Alors, j’ai fait au plus simple. Pour ce qui est de l’âne. Avez-vous déjà vu un âne ? M.J. rigole pendant 20 minutes Non vraiment. Bien sûr, Nicolas Glady aurait pu évoluer dans cet univers mais ce n’était pas le propos de l’histoire. Sa place n’aurait pas eu grand sens dans le développement des personnages.

H.P. — Que pensez-vous d’une potentielle adaptation de la fanfic en Visual Novel?

M.J. — Mais bordel, prenez-tout. Prenez mes tripes maintenant, attrapez ce que vous pouvez. Prenez mon sang, utilisez-le comme encre. Prenez mon foie comme gomme, mes yeux sont vos yeux, mes oreilles vos oreilles. Mon art, c’est votre art. Que les rivières de tous nos fluides sensoriels s’entremêlent et se rejoignent, et puis qu’elles plongent dans les océans des grandes idées. MAIS OUI, l’art c’est le dérobage. C’est vous qui poussez dans la rue pour me faire les poches, y trouver des brouillons, des intuitions et même des idées, de tout reprendre, de tout voler. Rien n’est acquis, tout est offert, la propriété n’est que l’invention de la peur des objets. NOUS sommes les sujets, et NOUS sujets sommes privés de propriétés.

H.P. — Je vous remercie chaleureusement pour cet entretien, que vos lecteurs prendront plaisir à lire et que les lycéens auront plaisir à commenter une fois que votre œuvre rentrera dans les manuels scolaires.